samedi 27 octobre 2012

De Grandes Espérances (1998) Alfonso Cuaron

DE GRANDES ESPERANCES (1998) d'Alfonso Cuaron
Un des plus beaux baisers de cinéma, et puis plus rien....pour une fois, le réalisateur mexicain surdoué manque sa cible.
 
 
Un film d'Alfonso Cuaron, même très moyen, se laisse toujours regarder. De Grandes Espérances ne fait pas exception à la règle, mais a clairement déçu au moment de sa sortie, pour de bonnes raisons.
Il s'agirait, parait-il, d'un film de commande pour la Fox. Ce qui rime assez souvent avec manque d'inspiration...et on sait que Cuaron choisit aujourd'hui les films qu'il veut faire. Le style de Cuaron convient-il ici aux objectifs fixés ? Pour moi en tout cas, visuellement, c'est comme les autres films de Cuaron, parfait. Mais le script de cette adaptation moderne du roman de Dickens souffre de trop grosses faiblesses.
 
Le baiser auquel je fais allusion dans mon sous-titre est le premier 'échangé' par les protagonistes, (la scène de la fontaine) alors qu'ils sont encore enfants. C'est sans doute le moment le plus délectable du film, celui ayant le plus gros impact, qui peut vous (ré-)concilier avec le cinéma, qui vous donne envie de prendre les gens par la manche et de leur dire d'aller voir ça, mais qui crée du même coup un déséquilibre avec la deuxième partie du film. Comme je pressentais la faiblesse générale du film, cette scène m'a presque fait espérer que les héros ne grandissent pas, et que le film nous refasse le coup de La Petite Princesse. J'ai espéré, sans trop y croire, que le reste du film recélait d'autres moments comme celui-là. Cette scène reste d'autant plus en mémoire quand on voit le développement plutôt décevant des personnages adultes. Le personnage de De Niro est celui qui souffre le plus de ces lacunes, ses apparitions laissant un peu indifférent, la révélation et le dénouement s'en ressentant hélas lourdement. Même pris ensemble, ce manque de travail commun aux personnages ne s'équilibre pas. Cuaron parvient néanmoins à rendre Gwyneth Paltrow assez intéressante -puisque c'est tout de même elle l'objet du désir- c'est dire tout de même la maîtrise du Mexicain. Si vous pensiez comme moi que Paltrow était une endive, c'est que vous ne l'aviez pas vu sous la caméra de Cuaron. Au moins visuellement, avec Seven, Paltrow peut être efficace si elle est bien dirigée, et pas seulement dans Iron Man.

En résumé, la version Cuaron du roman de Dickens ressemble à un instrument très haut de gamme mais mal accordé. Personnages insuffisamment développés, et moment d'intérêts sporadiques...un travail de fond insuffisant filmé par un des plus talentueux réalisateur actuel, cela donne un résultat des plus étranges, et des plus rageants aussi...

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